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Un vélo écolo

Un vélo écolo

Les transports, et en particulier la prolifération des automobiles et des camions légers, sont la plus importante source de polluants atmosphériques au monde, pouvant générer jusqu’à 86 % des polluants émis dans certaines agglomérations urbaines, comme c’est le cas à Mexico et à Bangkok. Les engagements pris par la communauté internationale dans l’accord de Paris prévoient de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, entre autres en désinvestissant dans les énergies fossiles.1 Cet objectif doit inévitablement se traduire par d’importants changements dans le secteur du transport.

 

C’est dans les transports que les émissions de gaz à effet de serre connaissent la plus forte croissance. Même dans les pays en voie de développement où la flotte automobile est encore peu importante, les émissions polluantes sont déjà inquiétantes, à cause de l’absence quasi complète de contrôle de la part des autorités publiques. La bicyclette offre donc une solution de rechange propre au transport motorisé. En plus, le vélo contribue à réduire la pollution sonore. Par exemple, en 2004, lors de la tenue de l’événement En ville sans ma voiture, Environnement Québec a pu mesurer la diminution suivante de pollution sonore et atmosphérique :

  • Une baisse de 90 % du taux de monoxyde d’azote (NO) et de 90 % du monoxyde de carbone (CO) a été enregistrée cette journée-là par la Direction de l’environnement de la Ville de Montréal.
  • La mesure de bruit enregistrée pendant la période la plus calme de la journée (13h30) a été de 50 décibels (dB), comparativement à 80,5 décibels (dB), au même endroit et à la même heure une semaine plus tard.2

  1.  Accords de Paris sur le climat.
  2. En ville sans ma voiture.

La santé sur deux roues

La santé sur deux roues

Presque tout le monde consacre au moins 30 à 60 minutes par jour à ses déplacements. Mais qui prend le même temps pour faire du sport? Pourtant, le vélo offre une merveilleuse combinaison de mobilité et d’activité physique.

Les études le confirment : le cœur des cyclistes affiche une santé étonnante et ces derniers sont moins à risque des maladies cardio-vasculaires. Au Québec, il y a 11 000 décès des suites d’une maladie cardio-vasculaire1 et environ 17 cyclistes tués sur la route chaque année.2

L’usage du vélo au quotidien permet une diminution des maladies cardio-vasculaires et du stress. D’après la prestigieuse British Medical Association, 30 minutes de vélo par jour permettraient de diminuer ce risque par deux. La pratique régulière du vélo réduit aussi les risques de diabète chez les adultes, d’obésité et d’hypertension. Elle améliore aussi la qualité de la masse osseuse, l’endurance ainsi que le bien-être psychologique. En pratiquant le vélo régulièrement, durant une période de deux ans, on augmente également sa performance respiratoire de 13 %.

Aux États-Unis, le citoyen moyen prend de 800 à 900 grammes par an. Ce gain de poids pourrait être évité en marchant 2 000 pas de plus par jour. Le vélo, en plus de nous aider dans nos déplacements quotidiens, peut s’avérer un bon moyen de combattre l’obésité. Il n’y a pas que pour la santé physique que le vélo est bénéfique. L’activité physique augmente l’attention des enfants et des adolescents, facilite l’apprentissage et augmente la motivation à l’école, ce qui se traduit par de meilleurs résultats scolaires et une plus grande estime de soi!3

2 : c’est le nombre d’années que vous ajoutez à votre espérance de vie en pratiquant le vélo régulièrement, accidents inclus. Il est donc dangereux de ne pas rouler à vélo!


  1. Principales causes de décès au Québec.
  2. Le Devoir, plus de cyclistes, moins de blessés.
  3. Sports et résultats scolaires.

La bicyclette : le moyen de transport le plus efficace au monde

Les bicyclettes et les triporteurs sont parmi les moyens de transport les plus efficaces parce qu’ils sont rapides et permettent de se rendre dans des endroits plus éloignés tout en transportant plus de poids. L’efficacité du vélo comme moyen de transport se vaut tout autant en zones rurales qu’urbaines. En comparaison à la marche, encore très présente dans plusieurs milieux ruraux des pays en voie de développement, le vélo permet de gagner du temps et de transporter davantage de charges. En milieu urbain, autant dans les pays de voie de développement que dans les zones plus industrialisées des pays développés, où les embouteillages, le prix élevé des stationnements et de l’essence remettent en question les avantages de la voiture, faisant en sorte que le vélo est un choix incontournable pour les courtes et les moyennes distances. Pour des trajets plus longs, en complémentarité avec les transports publics, il reste redoutablement efficace.

 

Aguada de Pasajeros, Cuba.
Déplacements en milieu rural

Au Pérou, une famille d’agriculteurs doit se rendre au champ plusieurs fois par jour, transporter de l’eau et du bois d’allumage, apporter une partie de sa récolte au marché, etc. Environ une fois par mois, elle devra utiliser des moyens motorisés comme une voiture ou un autobus pour traverser les Andes et parcourir une plus grande distance. Au Kenya, en Afrique, on estime que c’est moins de 10 % des déplacements qui se font en transport motorisé. Dans les pays en voie de développement, la plupart des déplacements en milieu rural se font à l’intérieur de trois kilomètres, souvent sur des surfaces planes où on peut utiliser des vélos ou bien dans des sentiers tellement étroits et escarpés que même des jeeps ne réussiraient pas à passer. Dans de telles conditions, ce n’est donc qu’une minorité de déplacements qui se font en transport motorisé. 1

Il faut savoir que dans les pays en voie de développement, un vélo sert entre cinq et dix personnes de plus que son acquéreur(e) : la famille immédiate, le cousin ou la voisine. Un vélo devient un véhicule pour aller au travail ou pour poursuivre ses études, pour offrir un service de bici-taxi ou de livraison de marchandises, pour mener sa propre microentreprise, pour aller vendre les produits de la ferme, pour se rendre à la clinique de santé, etc.

 

Cycliste transporteur de jouets, Masamba, Indonésie.

 

La mobilité est un élément crucial dans la vie des gens des pays en voie de développement. Elle leur permet d’améliorer leur productivité personnelle, de rejoindre les marchés où ils pourront écouler leurs produits ou offrir leurs services, d’avoir un meilleur accès à l’emploi, aux soins de santé, à l’éducation et aux idées porteuses de progrès. La mobilité représente souvent la différence entre la misère et un niveau de vie décent. À Beira au Mozambique, on a pu observer une augmentation du revenu des individus de 4 % par mois grâce à la mobilité accrue que confère l’acquisition d’un vélo.2

Le vélo peut ainsi jouer un rôle important dans la vie des individus, mais également dans de l’élaboration de politiques en matière de transport. Par exemple, au Québec, ce n’est qu’à partir de la fin des années 1970 que le ministère des Transports, jusqu’alors principalement préoccupé par le transport motorisé, publia un document clé recommandant de reconnaitre formellement la bicyclette comme un véhicule à part entière et proposant la construction d’aménagements cyclables et l’amélioration de la sécurité routière pour les cyclistes 3 ! Aujourd’hui, on compte plus de 12 000 km de pistes cyclables au Québec, une augmentation de 30 % depuis 2010. 4

Dans plusieurs pays en voie de développement, l’infrastructure routière laisse à désirer et même dans les pays du Nord, d’importants fonds publics doivent être investis pour développer et entretenir la voirie. Miser sur le développement de moyens de transport non motorisés comme stratégie de transport pour les déplacements quotidiens pourrait devenir libérateur à plusieurs égards :

  • en offrant une solution de rechange à la dépendance à l’énergie fossile qui est polluante et payante;
  • en s’attaquant aux problèmes de trafic et d’embouteillages qui empirent sans cesse;
  • en permettant d’utiliser les fonds publics à d’autres secteurs comme la santé et l’éducation;
  • en aidant les gens à maintenir une bonne santé et à réduire le risque d’obésité, un problème qui coûte cher au système de santé;
  • en améliorant la sécurité routière par la réduction du nombre d’accidents, en plus de contribuer à un meilleur partage de l’espace public.

  1. Ricardo A. Navarro, Urs Heierli et Victor Beck, Alternativas de transporte en America latina : la bicicleta y los triciclos, co-édition de SKAT, CESTA, CETAL et GATE, 1985, p. x.
  2.  Extrait de Julia Philpott, “Women, Transportation and Poverty: The Role Of Non-Motorized Transport”, Perspectives mondiales sur le vélo, Conférence Vélo-Mondiale, Vélo-Québec, Montréal, 1992.
  3. Vélo Québec a 50 ans!
  4. Radio Canada, Les cyclistes sont de plus en plus nombreux sur les routes du Québec.

Les bienfaits du vélo au Nord et au Sud

À travers l’Asie du Sud, des véhicules à pédales auxquels sont attachés des remorques, des paniers et des plateformes de chargement transportent tout, depuis des passagers jusqu’à des cochons couinant ou des sacs de riz.

Les travailleurs de la santé au Nicaragua traversent la campagne à vélo pour rendre visite à des parents éloignés, et au Kenya les fermiers livrent leur lait à vélo.

Cycliste, Mangkutana, Indonésie.

Les postiers australiens pédalent à travers la ville avec leurs sacs de courrier, les employés dans les villes européennes se rendent souvent à leur lieu de travail à vélo, et des milliers de coursiers filent à côté des voitures à l’arrêt dans les centres urbains d’Amérique du Nord.1

Le module L’histoire du vélo : ici et ailleurs trace les grandes lignes de l’utilisation du vélo à travers le monde depuis la moitié du XIXe siècle. En y regardant de plus près, on constate que les bienfaits de la bicyclette dans la vie quotidienne sont multiples et varient d’une personne à l’autre.

Dans la vidéo Un regalo que mueve, des partenaires cubains de Cyclo Nord-Sud de Cuba partagent avec nous les nombreux avantages que le vélo leur apporte dans leur vie.

À partir des divers aspects explorés ci-dessous, nous pouvons prendre conscience des multiples avantages que représente une utilisation accrue des vélos et ce dans les pays en voie de développement autant que dans les pays développés.2

Grâce à la bicyclette, on vit et on respire, on bouge et on se rencontre. Toutes les études montrent que les effets sur la santé sont bénéfiques à partir d’une demi-heure de vélo par jour : l’espérance de vie augmente même de deux ans, risque d’accident inclus.3 Il est donc dangereux de ne PAS faire du vélo!

 

 

10 raisons de faire du vélo
    1. Propreté atmosphérique : pas de gaz à effet de serre, pas de pluies acides, pas de smog urbain, pas de manganèse, benzène, HAP, et autres polluants qu’exhalent les automobiles.
    2. Propreté aquatique : pas de tache d’huile, sels déglaçant, liquides à pare-brise, rinçage de cales ou naufrages de pétroliers, tous des polluants reliés à l’usage de l’automobile.
    3. Paix acoustique : le vélo est silencieux, pas de ce bruit de moteurs qui nous force à fermer les fenêtres en été, car même si l’oreille n’a pas de paupières, elle a tout de même besoin de repos.
    4. Efficacité : c’est un véhicule fluide qui ignore la congestion, vous transporte de porte à porte, s’accommode de trajets compliqués et peut transporter jusqu’à dix fois son propre poids.
    5. Sécurité : le vélo ne tue pas, ou très rarement, comparé à l’automobile qui tue chaque année plus de 1/4 de million d’individus à l’échelle mondiale, bien plus que toutes les guerres.
    6. Économie : le vélo ne coûte presque rien à son propriétaire, contrairement à l’automobile qui accapare 25 à 40% du budget familial et d’énormes tranches de fonds publics.
    7. Espace : le vélo s’accommode de petits coins, alors que l’auto se réserve toute une surface à la maison, au travail, au centre d’achats, nécessite 44 m2 pour rouler, contre 6m2 pour un vélo.
    8. Énergie : le vélo nécessite une énergie musculaire qui se tonifie à l’usage, alors que l’auto nécessite 1 630 litres de pétrole par an, dont seulement 15 % sert aux déplacements réels.
    9. Santé physique : 30 minutes par jour, cet exercice sans impact, facile à intégrer aux activités quotidiennes, peut vous permettre d’ajouter 2 ans à votre espérance de vie.
    10. Et le plus important : le vélo, c’est l’fun! Plaisir de l’équilibre dans le mouvement, de l’accomplissement de soi et des surprises de la découverte! Sans compter les bienfaits collatéraux d’arriver de bonne humeur à l’école, au bureau ou à la maison!
    1. Benoît Lambert, Cyclopolis, ville nouvelle : contribution à l’histoire de l’écologie politique, Georg éditeur, 2004, p. 85, citant Marcia D. Lowe, « Le développement des villes » in L’État de la planète 1992, Washington, D.C., Worldwatch Institute, p.8.
    2. Une discussion plus détaillée sur l’emploi des termes « Nord » et « Sud » se retrouve au module La solidarité internationale de cette trousse.
    3. Radio Canada, Faire du vélo pour vivre plus longtemps.

La solidarité internationale: au-delà de la charité

La solidarité internationale: au-delà de la charité

Une chose que ces termes arrivent difficilement à démontrer est que la prospérité des plus riches repose sur la misère des pauvres. On oppose une catégorie (le Nord : les pays développés) à l’autre (le Sud : les pays en voie de développement) plutôt que de démontrer que sans l’un, l’autre ne serait pas dans un tel état.

Il n’est pas possible de désigner un ensemble aussi hétéroclite de plus de 140 pays classés comme en voie de développement sous un seul vocable. Ce serait ne pas reconnaitre la diversité de ressources, de cultures, de régimes politiques et de rendements économiques qui s’y retrouvent tout comme les pays développés comptent aussi de nombreuses différences les uns par rapport aux autres.

C’est en faisant du bénévolat, en donnant de notre temps en vivant des expériences de solidarité qu’on arrive finalement à sortir de nos propres sentiers battus. On peut ainsi prendre conscience des différences et des ressemblances qui nous lient à d’autres, peu importe l’endroit où ils habitent : autant au sein de nos propres communautés qu’à des milliers de kilomètres.

En prenant conscience de nos propres privilèges et des désavantages de notre société, on réalise également la résilience dont font preuve tant de gens. C’est dans cet esprit que le travail de Cyclo Nord-Sud tisse des liens avec les organismes partenaires des pays en voie de développement comme des pays développés afin qu’un partage s’effectue. Au Québec, des collectes de vélos usagés et des campagnes de sensibilisation sont organisées par Cyclo Nord-Sud, ses membres et ses collaborateurs. Dans les pays partenaires, ce sont des organismes communautaires et d’économie sociale et solidaire qui prennent en charge la réception, la réparation, la distribution ou l’entretien des vélos. Devenant une source d’inspiration pour la valorisation du vélo dans notre propre société, ces gens nous transforment à leur tour…

Économie sociale et solidaire

L’économie sociale et solidaire est le terme générique pour désigner les groupements de personnes (et non de capitaux) jouant un rôle économique : les coopératives de toutes natures (salariés, usagers, d’entreprises), les mutuelles (d’assurance ou de prévoyance santé), la plupart des associations gestionnaires. L’économie sociale et solidaire est définie selon un certain nombre de critères qui font aujourd’hui consensus: libre adhésion, lucrativité limitée, gestion démocratique et participative, utilité collective ou utilité sociale du projet, et mixité des financements entre ressources privées et publiques.1

So! So! So! Solidarité!

Scandé lors de manifestations de toutes sortes, le « So! So! So! Solidarité! » nous ramène au mot « solidarité » qui vient du terme latin solidum et signifie « pour le tout », pour l’ensemble, pour toutes et pour tous. Interdépendance, coopération, entraide, mutualité et réciprocité sont autant de valeurs aidant à promouvoir des façons différentes d’unir nos forces pour un monde plus solidaire. Une importante partie du travail des mouvements de solidarité vise à lutter contre les inégalités de toutes sortes ou à s’entraider lors de situations difficiles.

Au Québec, l’histoire de la solidarité internationale est multiple 2. Jusqu’au début du XXe siècle, les mouvements de solidarité étaient menés par les communautés religieuses et à travers l’Église afin d’aider les plus démunis. Aujourd’hui, bien que les communautés religieuses continuent de jouer un rôle dans les mouvements solidaires, les syndicats, les organisations non gouvernementales (ONG) et les groupes communautaires ont également permis à la vie associative québécoise de bourgeonner. C’est dans cet esprit que Cyclo Nord-Sud a vu le jour à la fin des années 1990, après que ses membres fondateurs aient milité pendant plus de vingt ans au sein du Monde à Bicyclette, un groupe joliment irrévérencieux.

La solidarité n’est pas à sens unique

Si on réalise que des communautés défavorisées existent non seulement dans les pays du Sud, mais aussi près de chez nous, comment réconcilier l’un et l’autre? Certaines personnes diront : « Pourquoi envoyer de l’argent ou des biens à des communautés défavorisées d’autres pays alors qu’il y a des gens dans le besoin au coin de la rue chez moi? » En fait, l’un n’empêche pas l’autre. Faire preuve de solidarité dans son propre milieu ne devrait pas empêcher des appuis solidaires dans des pays étrangers et vice et versa.

La crise du verglas de 1998 a des répercussions jusqu’au Mali

À l’hiver 1998, une partie du Québec était frappée par une crise du verglas sans précédent et des milliers de foyers se retrouvaient sans eau et sans électricité. Parmi les municipalités touchées par cette crise : Sainte-Élisabeth, dans la région de Lanaudière. La population de Sanankoroba, un village malien jumelé depuis plusieurs années avec Sainte-Élisabeth, fait une collecte de fonds pour leur village homologue et fait parvenir un montant de 100 $ aux habitants de Sainte-Élisabeth pour leur venir en aide durant cette période difficile.3

Qu’elle se déploie dans notre municipalité ou dans un contexte international, la manifestation de la solidarité a bien souvent l’effet contagieux de renforcer une solidarité à la fois globale et locale. Qu’on pense à des étudiants partis en échange à l’étranger et qui, à force de se faire poser des questions sur la situation des autochtones au Canada, commencent à s’intéresser un peu plus à ce qui se passe chez eux. On pense aussi aux bénévoles de la Croix-Rouge qui sont déployés partout dans le monde, incluant au Canada pour venir en aide aux sinistrés des inondations au Québec et des feux de forêt en Colombie-Britannique en 2017.

La solidarité qui nous met en lien avec les autres peut aussi nous permettre de :

  • mieux nous comprendre comme individu, comme groupe et comme société;
  • prendre conscience des ressemblances et des différences qui existent dans notre milieu et avec des gens de divers horizons;
  • découvrir notre humanité;
  • aviver notre sentiment de désaccord et notre besoin d’agir devant l’injustice;
  • réaliser que la solidarité ce n’est pas « faire la charité » ni « agir par pitié », mais plutôt permettre à d’autres de développer et de maintenir leur propre dignité;
  • nous rappeler des situations qu’on a soi-même vécues et où l’entraide fut importante, etc.

 

ALLANT AU-DELÀ DE LA CHARITÉ, LA SOLIDARITÉ N’EST PAS À SENS UNIQUE. LA SOLIDARITÉ NOUS OUVRE AUX AUTRES ET NOUS FAIT DÉCOUVRIR NOTRE HUMANITÉ COMMUNE.

Vie associative

Il ne faudrait pas croire que la solidarité n’est que l’affaire d’organismes ou de groupes. On la retrouve d’abord dans de petits gestes quotidiens, dans le temps qu’on donne aux autres, dans notre manière d’interagir et dans nos implications sociales.

Des personnes âgées tricotent pour les réfugiés syriens

La vague de réfugiés syriens arrivés au Canada en 2016 a suscité une vague de solidarité. Prenons l’exemple d’une quinzaine de dames de Trois-Rivières qui ont décidé de tricoter tuques, foulards et mitaines pour remettre aux réfugiés qui connaitront leur premier hiver.4

Travailler avec Haïti: un exemple de solidarité

Le Carrefour d’entraide de retrouvailles du Cap-Haïtien (CENTRECH) est une organisation partenaire de Cyclo Nord-Sud.

En écoutant cet entretien avec Pierre-Louis Mercier, membre de CENTRECH, vous pourrez en apprendre davantage sur les raisons qui le motivent lui et ses collègues de CENTRECH à travailler avec des communautés du nord d’Haïti, pays dont il est originaire.

Les 17 objectifs des Nations Unies pour le développement durable

En plus des individus et les associations, les gouvernements s’engagent eux aussi à éliminer la pauvreté et améliorer l’avenir de la planète. En 2015, les pays ont eu la possibilité d’adopter les objectifs des Nations Unies pour le développement durable, qui visent à éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité de tous. Voici ces 17 objectifs 5 :

    1. Pas de pauvreté
    2. Faim «zéro»
    3. Bonne santé et bien-être
    4. Éducation de qualité
    5. Égalité entre les sexes
    6. Eau propre et assainissement
    7. Énergie propre et d’un cout abordable
    8. Travail décent et croissance économique
    9. Inégalités réduites
    10. Villes et communautés durables
    11. Consommation et production responsables
    12. Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
    13. Vie aquatique
    14. Vie terrestre
    15. Paix, justice et institutions efficaces
    16. Partenariats pour la réalisation des objectifs

 


  1. L’achat responsable.
  2. Qui aide qui? Une brève histoire de la solidarité internationale au Québec, Pierre Beaudet, Boréal, 2009.
  3. Un village malien au secours de sinistrés québecois.
  4. Radio Canada, Des personnes âgées tricotent pour les réfugiés syriens à Trois-Rivières.
  5. Nations Unies, Objectifs de développement durable.

Nord-Sud, pays pauvres et pays riches : Comment se retrouver dans tout ça?

Nord-Sud, pays pauvres et pays riches : Comment se retrouver dans tout ça?

 

Les quelques questions précédentes mettent en lumière les disparités, écarts et inégalités qui existent entre différents pays. Cependant, il ne faudrait pas non plus oublier que de tels écarts et inégalités se retrouvent aussi dans la population d’un même pays.

Les appellations pour désigner des régions du monde où l’appauvrissement et les populations défavorisées sont présents en plus forte concentration ont variées au fil du temps. Un bref survol de quelques expressions permettra d’avoir une compréhension plus critique et éclairée de ces termes.

Pays sous-développés : En janvier 1949, le président des États-Unis, Harry Truman, annonçait dans son discours inaugural l’existence d’une nouvelle catégorie de pays : « les pays sous-développés. » Un qualificatif qui n’existait pas auparavant. S’ouvrait ainsi l’ère de l’aide publique au développement.2 Cette notion se base essentiellement sur une notion de développement inspirée d’une compréhension capitaliste et occidentale. Une perspective économique qui fait en sorte que les pays, dont plusieurs sont d’anciennes colonies, survivent grâce à l’agriculture et aux matières premières, et ont un faible taux d’industrialisation. Ce terme négatif insinue également que le pays gagnerait à se développer.

Pays (sur)développés : Si on dit de certains pays qu’ils sont en voie de développement, on suggère donc qu’il y a aussi son contraire, c’est-à-dire des pays développés, voire surdéveloppés. Encore une fois, une telle notion met l’accent sur un développement économique, plutôt que de tenir compte d’autres aspects tels que la vie communautaire et les conséquences environnementales qu’entrainent les façons de vivre des pays dits plus développés. Voir : Consommation boulimique au Nord, assiette à moitié vide au Sud.

Pays en développement : Dans les années 1960, jugeant que l’appellation « pays sous-développé » était péjorative, un nom plus poli « pays en voie de développement » ou « pays en développement » voit le jour. Dans les années 1970, ce sera au tour de l’expression « Pays les moins avancés » de faire son apparition. Pourtant, les réalités demeurent les mêmes et les inégalités mondiales ne cessent de s’accroitre non seulement pour les pays du Sud, mais aussi à l’intérieur de chaque pays. Les pauvres continuant de s’appauvrir et les riches, de s’enrichir.

Bonheur intérieur brut : Ce terme vient en réaction à l’indice économique utilisé pour classer les pays dans le monde, le Produit intérieur brute (PIB). Le roi du Bhoutan fut le premier à le préconiser pour mesurer autre chose que la croissance économique dans son pays aux valeurs bouddhistes.3

Tiers-monde : une expression inventée par le démographe français Alfred Sauvy dans un article intitulé Trois mondes, une planète, publié en 1952. À cette époque, en plein début de la guerre froide, le monde semble divisé en deux, le bloc de l’Ouest avec à sa tête les États-Unis et le bloc communiste, mené par l’URSS. À ce sujet, Sauvy écrit :

« Nous parlons volontiers des deux mondes en présence, de leur guerre possible, de leur coexistence, etc., oubliant trop souvent qu’il en existe un troisième, le plus important et, en somme, le premier dans la chronologie. C’est l’ensemble de ceux que l’on appelle, en style Nations unies, les pays sous-développés. […] Et peut-être, à sa vive lueur, le monde numéro 1, pourrait-il, même en dehors de toute solidarité humaine, ne pas rester insensible à une poussée lente et irrésistible, humble et féroce, vers la vie. Car enfin ce Tiers monde ignoré, exploité, méprisé comme le Tiers État, veut, lui aussi être quelque chose. »

En créant le mot, « Tiers-monde », Alfred Sauvy fait une comparaison entre la situation des pays sous-développés et la condition des exclus politiques du Tiers état, au temps de la monarchie en France, avant la Révolution française de 1789.

Nord-Sud : La désignation d’une limite entre le Nord et le Sud est le nom donné à une ligne imaginaire qui regrouperait les pays du Nord étant généralement considérés comme plus industrialisés et économiquement plus riches; alors que les pays appartenant au Sud, sont généralement considérés comme moins développés économiquement et plus appauvris. Succédant à d’autres termes, tels que « tiers-monde » ou « pays en développement », la désignation Nord-Sud est apparue en 1980 dans un rapport intitulé Nord-Sud : un programme de survie, rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développement international présidée par l’ancien chancelier allemand Willy Brandt. Ce rapport utilisa aussi des cartes géographiques où se retrouvait la projection de Peters.

Depuis l’introduction de ce terme en 1980, la réalité a changé. Certains pays du Sud comme le Chili, Cuba et les Émirats arabes unis ont maintenant atteint un indice de développement humain (IDH) supérieur à celui de la Roumanie ou de l’Ukraine. Inversement, cinq des principaux pays dits émergents se retrouvent du côté Sud : la Chine, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Mexique. C’est pourquoi les appellations « pays du Sud » et « pays du Nord » sont moins utilisées aujourd’hui.

Le Sud globalisé : Avec l’effondrement de l’Union soviétique au début des années 1990, on voit maintenant apparaitre l’expression Sud globalisé qui met ainsi l’accent sur le fait qu’il n’y a pas seulement « un Sud », mais bien plusieurs réalités à travers le monde où se retrouvent des populations, des économies nationales qui sont marginalisées et exploitées. En fait, on retrouve « des Sud » même dans les pays plus favorisés. « [L]’évolution des villes dans de nombreuses régions du monde est contraire aux impératifs écologiques, sociaux et économiques. Plusieurs facteurs économiques, institutionnels et juridiques contribuent par exemple à accentuer la fragmentation des villes. On constate une ligne de fracture entre la ville « légale », bien équipée, moderne et productive, et le reste de la ville, illégale ou « informelle », parfois désignée comme bidonville, shanty town ou favela.4 » Depuis la fin des années 1990, la montée de l’altermondialisme a également contribué à la diffusion de ce terme.

  1. Source image : Daniel Raiche.
  2. Jacques B. Gélinas, Dictionnaire critique de la mondialisation : Les mots du pouvoir, le pouvoir des mots, Écosociété, 2008, pp. 250-251.
  3. Bonheur National Brut.
  4. Pierre Jacquet, Rajendra K. Pachauri et Laurence Tubiana sous la dir., L’Annuel du développement durable 2010 – Regards sur la terre : Villes changer de trajectoire, Presses de Science Po, 2010, p.13.

Quelques mythes à déconstruire

Quelques mythes à déconstruire

Avant d’aborder ce qu’est la solidarité malgré les disparités économiques, nous vous proposons un bref questionnaire qui démystifiera sans doute certaines croyances et idées préconçues. Parce qu’être solidaire, c’est aussi faire preuve d’ouverture et savoir surpasser ses propres préjugés.

QUESTION 1 : VRAI OU FAUX? La projection de Mercator, carte du monde la plus utilisée dans les salles de classe, offre la représentation la plus proportionnelle de la grandeur réelle des continents sur une carte du monde.
Faux. La projection de Mercator, nommée ainsi d’après le géographe Gerardus Mercator, date de 1569. Elle est reconnue pour son avantage de ne pas déformer les angles et de fournir une réelle description des contours des continents. Toutefois, cette projection tend à exagérer les surfaces au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’équateur. Par exemple, le Groenland et l’Afrique apparaissent comme étant relativement de la même dimension, alors qu’en réalité, la superficie de l’Afrique est 14 fois celle du Groenland.

Projection Mercator :

En 1973, Arno Peters, un historien amateur, utilisa des formules mathématiques développées par James Gall au XIXe siècle. Cela lui permit de développer un autre type de projection qui maintient la proportion entre les surfaces sur la carte et les surfaces réelles :

Bien que ces deux projections représentent la même planète Terre, les perceptions qui s’en dégagent sont fort différentes. La projection de Mercator demeure la représentation cartographique la plus utilisée dans le monde, malgré le fait qu’elle tend à réduire l’importance géographique des pays situés près de l’équateur, dont plusieurs s’avèrent être des pays associés au monde soi-disant « en développement ».

Autres projections de cartes du monde modifiant les superficies des régions en fonction de leur importance relative pour la population mondiale, la consommation de pétrole, etc.

QUESTION 2 : VRAI OU FAUX? Ce sont les pays en voie de développement qui envoient plus d’argent et de capitaux vers les pays développés.
Vrai. En réalité, les richesses vont des pays en voie de développement vers le Nord et non pas dans le sens contraire. Les pays en voie de développement, dont une importante partie est en Afrique, sont asphyxiés par des dettes qu’ils remboursent à des taux d’intérêt exorbitants et qui entravent leurs investissements dans les soins de santé, l’éducation et les services sociaux.

Les politiques d’investissement et les termes de l’échange défavorables empêchent plusieurs pays en voie de développement de faire croître leurs économies pour se trouver sur un pied d’égalité avec leurs concurrents sur les marchés mondiaux.

Pour chaque dollar emprunté en 1980, les pays en développement ont payé 8,35 dollars au service de la dette. Donc, cette dette a été remboursée près de neuf fois. Aujourd’hui, les pays en voie de développement transfèrent chaque année vers les pays développés la somme nette de 600 milliards de dollars1. C’est bien plus que ce qui leur est transféré en aide au développement2!

Plusieurs pays, autrefois dits du Sud, se sont vus spoliés par les empires lors de la période coloniale via l’exploitation de leurs ressources naturelles et humaines avec l’esclavage. Aujourd’hui, alors qu’ils ont obtenu leur indépendance, un système de néocolonialisme perdure.

QUESTION 3 : VRAI OU FAUX? La faim dans le monde est due au fait qu’il n’y a pas assez de nourriture pour toutes et tous.
Faux. En réalité, il y a abondance de nourriture et non une pénurie. La production mondiale de blé, de riz et des autres céréales est suffisante pour fournir à chaque être humain 3 500 calories par jour, sans compter les fruits et légumes, les noix, les viandes et les poissons. Nous pouvons apporter l’équivalent de 2 kg de denrées, par jour et par personne, à toute la planète : 1,2 kg de céréales, graines et noix, environ 450 g de fruits et légumes, et presque autant de viande, lait et oeufs. La difficulté est que beaucoup sont trop pauvres pour acheter ces denrées.

Même les pays qui souffrent de famine endémique auraient aujourd’hui la capacité de nourrir leur population3 : beaucoup d’entre eux sont des exportateurs agricoles où les terres servent à produire des denrées comme le café ou le coton qui ne peuvent pas nourrir directement les gens et qui sont vendues à des taux désavantageux pour les petits producteurs sur le marché mondial.4

Il est également faux de considérer que la croissance démographique constitue un problème en soi. « L’impact d’un bébé américain sur les ressources mondiales est 50 fois supérieur à celui d’un enfant indien. En suivant cette formule, il faudrait compter la population américaine par dizaines de milliards et la considérer comme le facteur le plus important dans le problème mondial de la population ».5

QUESTION 4 : VRAI OU FAUX? La pauvreté, c’est seulement un problème pour les pays en voie de développement.
Faux. Au Canada en 2016, un enfant sur cinq vivait dans la pauvreté6 – un sur trois dans le cas des enfants autochtones.7

QUESTION 5 : Reliez les bons nombres avec les bons continents afin d’indiquer le nombre de voitures par 1000 habitant(e)s en 2016.8

Le tableau présenté ci-dessous indique les bonnes réponses.

Afrique44
AmŽérique du Nord661
AmŽérique du Sud176
Europe de l'Ouest569
Europe de l'Est277
Asie et OcŽanie79
Japon et CoréŽe du Sud551

QUESTION 6 : Associez le mot « bicyclette » à la langue d’origine et aux pays auxquels il se rapporte.

QUESTION 7 : VRAI OU FAUX? Les 1 % les plus riches au monde possèdent plus que les 99 % autres.
Vrai. En 2015, l’argent que possédaient les 1 % personnes les plus riches au monde dépassaient l’argent de tous les autres.

  1. Nancy Thèdes, « La néolibéralisation de l’aide au développement : les alternatives sont-elles encore possibles? » dans le cadre du congrès 2010 de L’Entraide missionnaire, « Par-delà l’aide internationale : des solidarités à inventer ».
  2. JQSI, le flux des richesses.
  3. Nations Unies, Rapport final : le droit à l’alimentation, facteur de changement, 2014.
  4. Food first (en anglais).
  5. Michel Saint-Germain, L’avenir n’est plus ce qu’il était, Éditions Québec/Amérique, 1993, p. 280-281.
  6. Family Service Toronto, Campagne 2000, Mettons fin à la pauvreté des enfants et des famille, 2016.
  7. David Mcdonald, Daniel Wilson, Shameful Neglect, 2016. (en anglais)
  8. ACEA, The Automobile Industry Pocket Guide, 2016-2017. (en anglais)
  9. Revue Challenges, Les 1% les plus riches possèdent plus que les 99 autres.

Les conséquences de la réutilisation ou l’absence de celle-ci

Les conséquences de la réutilisation ou l’absence de celle-ci

Ce qui a changé depuis l’avènement de la société de consommation à la suite de la Deuxième Guerre mondiale est non seulement le rythme effréné auquel les populations des pays du Nord consomment, mais également le volume de déchets produits par cette surconsommation.

 

Loin des yeux, loin du cœur?

Une fois mis à la rue, les sacs de déchets de millions de foyers québécois sont par la suite transportés vers des sites d’enfouissement ou d’incinération à l’abri de nos regards et de nos narines. Là s’accumulent des emballages et des restes de table, mais également des déchets toxiques comme la peinture et les aérosols ou qui se décomposeront mal comme des objets en plastique, ou encore des vêtements ou des vélos qui auraient pu être réutilisés.

Une fois mises à la poubelle, ces objets ou ces matières ne vont pas tout simplement s’autodétruire. Les iPod, les ordinateurs et autres matériels électroniques pollueront les nappes phréatiques et détruiront les écosystèmes, ou bien ils dégageront de fortes vapeurs toxiques en étant incinérés. Nous sommes même rendus à parler de « nouveaux continents » qui apparaissent tellement la quantité de déchets flottants sur les océans ne cesse d’augmenter.1

 

 

De « nouveaux continents » de déchets

En 2010, les océanographes de la Sea Education Association annonçaient l’existence d’amas de déchets (bouteilles, fragments de plastique, etc.) sur l’océan Atlantique équivalant à un nouveau continent. Une telle accumulation avait aussi été découverte sur l’océan Pacifique en 1997. L’accumulation de déchets sur l’océan Atlantique occuperait une surface équivalant à six fois la taille de la France, soit 4 millions km2.

Pire encore, les conséquences les plus néfastes de notre surconsommation produisant des déchets à n’en plus finir sont souvent absorbées par les pays du Sud ou par des populations vulnérables et défavorisées. Les mêmes personnes qui, pour la plupart ne peuvent même pas se payer le luxe d’une telle surconsommation sont aux prises avec ses pires conséquences. De la production de ces objets jusqu’à leur élimination, ce sont la plupart du temps, les environnements et les populations marginalisées des pays du Sud qui ont à vivre avec les conséquences négatives au quotidien, qu’on pense… :

  • aux populations habitant les régions autour des mines d’où sont extraits les minéraux entrant dans la fabrication d’objets électroniques et où les compagnies font fi des protections environnementales et des citoyen(ne)s;
  • à tous les employé(e)s payés avec des salaires de misère et œuvrant dans des conditions de travail déplorables afin de vendre leurs produits à prix concurrentiel : par exemple, un petit producteur de café qui obtient habituellement entre 0,33 $ et 1,50 $ pour un kilogramme de café, alors que le café qui se retrouve dans les tasses des consommateur(rice)s vaut de 8 $ à 30 $ le kilogramme.14
  • à l’exportation de déchets vers des zones éloignées où on ne peut faire respecter des règles pour protéger l’environnement.

 

Valoriser la réutilisation 

En Amérique du Nord, des voix remettant en question nos habitudes de consommation et leurs conséquences commencent à se faire entendre. Qu’on pense à la vidéo L’histoire des choses, au mouvement pour la Journée sans achat, à l’évènement En ville sans ma voiture, à la Semaine québécoise de réduction des déchets ou à l’engouement pour l’économie du partage, le zéro déchet, la simplicité volontaire et la décroissance.

 

 

Simplicité volontaire

L’Office de la langue française du Québec définit la simplicité volontaire comme un « mode de vie consistant à réduire sa consommation de biens en vue de mener une vie davantage centrée sur des valeurs essentielles »

Pourtant, la réutilisation est un principe qui ne date pas d’hier… Que ce soit par choix, par obligation ou pour le simple plaisir de partager et de faire durer, la réutilisation a pris de multiples formes au fil du temps:

  • Les couvertures de courtepointes qui permettent de réutiliser divers morceaux de tissus provenant de vêtements usés.
  • Des blocs-notes faits à partir de papier imprimé d’un seul côté.
  • Louer ou emprunter plutôt que tout acheter. Par exemple, Communauto permet d’avoir accès à une voiture lorsque nécessaire en facilitant l’autopartage. La bibliothèque est un autre bon exemple.
  • Les bazars, les marchés aux puces et les friperies où on peut se rendre pour trouver des objets d’occasion.
  • L’écodesign et l’art de la récupération, utilisé en mode ou en décoration, par exemple.
  • La compagnie Ressac utilise des chambres à air de vélos recyclées pour confectionner des sacs à main et des accessoires durables.
  • Le groupe ENvironnement JEUnesse organise depuis quelques années le concours Je m’emBALle autrement qui invite les étudiant(e)s à concevoir eux-mêmes leur tenue de bal de fin d’études.
  • Les repair-café où on apporte nos objets brisés pour apprendre à les réparer.
  • Les bibliothèques d’outils comme La Remise.
  • Les frigos publics qui évitent le gaspillage alimentaire et permettent de partager la nourriture.
  • Les épiceries d’aliments en vrac, qui permettent d’apporter des contenants réutilisables et de les remplir.
  • Les échanges de vêtement qui permettent de renouveler sa garde-robe entre amis.
  • Les collectes de vélos usagés de Cyclo Nord-Sud et son Programme de don d’organes de vélo en collaboration avec des magasins de vélo qui fournissent des pièces, des accessoires et des outils permettant de prolonger la vie des vélos au Sud.

 

La réutilisation en action

D’une simplicité désarmante, la réutilisation valorise l’idée de donner une seconde vie, d’échanger, de partage, de prêter, de réparer, de faire durer… Bref, des gestes qui coûtent très peu et qui font appel à notre imagination. Même si la réutilisation a déjà une longue histoire, on peut aussi vouloir la mettre au goût du jour comme le font ces quelques maîtres réutilisateurs avec qui nous avons pu nous entretenir :

  • Jaime Rosenblüth de Bicycletterie J.R.
  • Jean-David Lacasse et Éric Bélanger, deux bénévoles chez Cyclo Nord-Sud Pour les entendre, visionner Des vélos à réutiliser

 

  1. Revue en ligne Le Monde, Un “continent” de déchets plastiques a été découvert dans l’Atlantique nord, 2010.

Source de la photo : Inter Pares

Pourquoi la surconsommation et le manque de réutilisation ?

Pourquoi la surconsommation et le manque de réutilisation ?

Surproduction, surconsommation, société de consommation, capitalisme. La publicité et l’obsolescence programmée des objets et des biens que nous possédons semblent nous entrainer dans un rythme effréné où on doit constamment avoir la nouvelle version de tel ou tel produit. Quand ce n’est pas le gadget dernier cri, c’est parfois l’envie d’en vouloir toujours plus qui semble animer des élans de forte consommation.1

Mais qu’est-ce qui nous motive tant à vouloir consommer toutes ces choses? Selon les dires de David Orr, professeur et environnementaliste étasunien :

“L’émergence de la société de consommation n’était ni inévitable ni accidentelle. Elle a résulté de la convergence de quatre forces : un mode de pensée selon lequel la Terre est à notre disposition; l’essor du capitalisme moderne; l’intelligence technologique; et, enfin, l’extraordinaire abondance de l’Amérique du Nord, où le modèle de consommation de masse a pris racine. Plus directement, notre comportement est le résultat d’une publicité intensive, du piège des crédits à la consommation, de l’ignorance des dangers que représentent la plupart des produits que nous achetons, du déclin des communautés, du mépris de l’avenir, de la corruption des politiques et du manque d’alternatives nous permettant de subvenir seul à nos moyens.”2

Dans la vidéo L’histoire des choses3 et dans son livre La planète jetable, Annie Leonard, chercheuse sur les enjeux environnementaux, met de l’avant le fonctionnement de l’économie globale matérialiste et de ses conséquences sur l’économie, l’environnement et la santé. Pendant plus de 20 ans, Annie Leonard a suivi les traces du trafic international des déchets. Dans sa vidéo, Annie dresse le constat que, de la quantité de « choses » que nous achetons, moins de 1 % seront encore en usage six mois après leur achat.

La voiture : archétype de la (sur)consommation

En achetant une voiture, «on n’acquiert pas seulement une voiture, on acquiert aussi toute une nouvelle relation à l’espace et au temps, de la pollution, du bruit, des amis différents, des relations différentes, un statut différent, un travail pour la payer et des infrastructures énormes qui incluent entre autres des routes, des voies rapides, des stations d’essence, un habitat disséminé, des hôpitaux pour les blessés, des garages, des parkings, c’est ce qu’on peut appeler le système technosocial lié à la voiture.»4

Le concept d’obsolescence peut très bien illustrer l’usage fait de l’automobile dans nos sociétés actuelles. La mise en place de nouveaux styles de voiture chaque année est un exemple d’obsolescence programmée. Ce stratagème des fabricants oblige ou incite les consommateur(rice)s à remplacer rapidement leurs produits et donc à acheter de nouvelles marchandises. C’est le cas des cellulaires intelligents, dont les pièces sont difficilement remplaçables en cas de bris, dont les mises à jour deviennent impossibles au bout de quelques années, et dont on nous bombarde de publicité liée à un nouveau modèle chaque année.

L’Étatsunien, Alfred P. Sloan, dirigeant de General Motors pendant près de 30 ans, fut un des premiers entrepreneurs à mettre de l’avant une telle façon de faire. Il a aussi mis en place une échelle de prix pour différentes marques de voitures, toutes produites par GM (Chevrolet, Pontiac, Oldsmobile, Buick et Cadillac) et qui donc n’entraient pas en concurrence entre elles, tout en rendant « captif » un(e) acheteur(euse) au sein de la famille des marques GM au fur et à mesure que son pouvoir d’achat augmentait ou que ses préférences changeaient avec l’âge.5

Dans son livre Énergie et équité, Ivan Illich démontre avec éloquence à quel point un véhicule comme l’automobile peut rapidement nous prendre au piège. Pourtant, les publicitaires tentent de nous faire croire le contraire en associant la voiture à la liberté et à la nature en montrant des images d’autos parcourant des paysages à couper le souffle. Pourtant, une voiture, aussi « verte » qu’elle peut prétendre l’être, demeure pour le moment un moyen de transport polluant.

Voici quelques réflexions suggérées par Ivan Illich :

  • Une bicyclette ne coute pas cher. Malgré son très bas salaire, un Chinois consacre moins d’heures de travail à l’achat d’une bicyclette qu’il conservera longtemps qu’un Américain à l’achat d’une voiture qui finira vite à la ferraille.
  • Les aménagements publics nécessaires pour les bicyclettes sont comparativement moins chers que la réalisation d’une infrastructure adaptée à des véhicules rapides. Pour les vélos, il ne faut de routes goudronnées que dans les zones de circulation dense, et les gens qui vivent loin d’une telle route ne sont pas isolés, comme ils le seraient s’ils dépendaient de trains ou de voitures.
  • Là où se gare une seule voiture, on peut ranger dix-huit vélos, et l’espace qu’il faut pour faire passer une voiture permettrait à trente vélos de passer. Pour faire franchir un pont à 40 000 personnes en une heure, il faut deux voies d’une certaine largeur si l’on utilise des trains, quatre si l’on utilise des autobus, douze pour des voitures, et une seule si tous traversent à bicyclette. Voici d’ailleurs une vidéo qui illustre le phénomène :

Mais une question demeure… La société de consommation et la surproduction nous mènent au bord d’un précipice économique, environnemental et social. Alors pourquoi semblons-nous confrontés à un aussi important manque de réutilisation, surtout au sein des populations où la surconsommation fait des ravages?


  1. Elizabeth Grossman, Made to Break reveals the roots of our throwaway culture. En anglais seulement.
  2. Annie Leonard, Planète jetable, Écosociété, 2010, pp.224-225, citant David Orr.
  3. L’histoire des choses.
  4. François Schneider, Revue Silence, décembre 2004.
  5. Alfred P. Solan.

La surconsommation et la réutilisation

Parce qu’elle tire vers le bas la consommation de matières premières, la bicyclette est recommandée au nom d’une certaine équité entre les riches et les pauvres, entre le Nord et le Sud.1

 

La collecte de vélos : un exemple de réutilisation

Revenant d’un séjour à Cuba, Claire Morissette, fondatrice de Cyclo Nord-Sud, fut frappée par le grand nombre de vélos abandonnés dans les rues de Montréal. Elle fut d’autant plus choquée par ce constat qu’elle avait pu observer quelques jours auparavant dans les rues de La Havane à Cuba : un vélo – pas toujours du dernier modèle à la mode – pouvait être utilisé pour plusieurs raisons : se déplacer pour le travail, transporter les récoltes au marché, se rendre à l’école ou visiter parents et ami(e)s, etc.

L’exemple de vélos périssant sous la neige de Montréal alors qu’ils ont le potentiel d’être utilisés jusqu’à leur dernier souffle à La Havane ou dans les rues de Bamako en Afrique, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, du phénomène de la surconsommation et du manque de réutilisation.

Une piste d’action offerte par Cyclo Nord-Sud est de promouvoir la réutilisation des vélos en leur donnant une deuxième vie auprès de gens qui n’auraient pu se procurer leur propre vélo autrement. Cyclo Nord-Sud travaille de concert avec des bénévoles pour organiser des collectes de vélos partout au Québec. Les vélos recueillis sont envoyés dans divers pays à l’international où, par l’entremise de groupes communautaires, ils sont redistribués à des gens qui pourront les utiliser pour subvenir à leurs besoins.2

 

 

Consommation boulimique au Nord, assiette à moitié vide au Sud 3

N’est-il pas étrange de constater que la durée de vie moyenne d’un vélo en Amérique du Nord varie de cinq à sept ans, alors qu’il sera utilisé en moyenne pendant plus de 20 ans dans un pays du Sud? Pourquoi une disparité aussi frappante?

Vous vous êtes peut-être familiarisés avec la statistique selon laquelle il faudrait cinq planètes Terre pour supporter le rythme de consommation des Nord-Américains si la population mondiale consommait au même rythme et que la cinquième planète servirait de dépotoir…4

 

 

Valeur de la capacitéŽ biologique néŽcessaire si les modes de consommation de certains pays éŽtaient mondialisŽés[1] 
PaysNombre de planètes nŽécessaires pour maintenir le rythme de consommation
Australie5,4
Ƀtats-Unis4,8
Canada4,2
Suisse3,3
Russie3,3
Royaume-Uni2,9
Allemagne3,1
France3
Italie2,7
Japon2,9
Argentine1,2
Costa Rica1,1
Inde0,7
Monde1,6
[1] Global Footprint Network National Footprint Accounts 2016

Alors que les populations et les industries de nombreux pays du Nord consomment plus que leur part de ressources, d’autres segments de population, en grande majorité dans les pays du Sud, n’arrivent même pas à combler leurs besoins essentiels. Bref, tout ceci nous amène à remettre en question les modes de consommation répandus dans notre société et ce qui les encourage.

  1. Benoît Lambert, Cyclopolis, ville nouvelle : contribution à l’histoire de l’écologie politique, Georg éditeur, 2004, p. 84. Une discussion plus détaillée sur l’emploi des termes « Nord » et « Sud » se retrouve au module La solidarité internationale de cette trousse.
  2. Voir vidéo « Cyclo Nord-Sud », GoodnessTv, la minute positive.
  3. Source image : Concept pour tous, Uqam, Elise Morbidelli
  4. WWF, Les ressources de la Terre déjà épuisées pour 2016.
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