L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE : MODE D’EMPLOI
Au Québec, comme ailleurs dans le monde, l’économie circulaire, c’est bien plus que du recyclage. Il s’agit d’un cadre cohérent et structurant qui rassemble un ensemble de stratégies contribuant toutes à un même objectif : répondre aux besoins de la société tout en préservant les ressources.
Depuis 25 ans, Cyclo Nord Sud a développé une expertise dans la récupération et la réutilisation de vélos et d’équipements au profit de ses partenaires du Sud et du Québec. Grâce à ces efforts, plus de 70 000 bicyclettes usagées récupérées à travers le Québec ont été envoyées à des partenaires en Amérique latine et en Afrique de l’Ouest, et de nombreuses bicyclettes ont été distribuées dans le cadre de projets locaux tels que Travailleurs Migrants, Construis Ton Vélo et Petites Roues.
ÉCONOMIE LINÉAIRE : un modèle à jeter
Depuis le début de la révolution industrielle, l’économie linéaire provoque des dégâts à chaque étape de production d’un produit. Pendant sa fabrication, le produit passe entre les mains de plusieurs entreprises qui émettent des gaz à effet de serre sans compter les pertes. Le postulat étant que les ressources sont infinies, ce modèle croît. En bout de ligne, le produit dont l’obsolescence programmée est flagrante, devient un déchet polluant dont le consumérisme se moque.
(Schéma) Une vue panoramique du contexte actuel nous permet de prendre du recul sur l’évolution d’un produit allant de l’épuisement des ressources naturelles jusqu’à l’enfouissement des déchets soit disant traités ou recyclés. Ce modèle est l’extrême opposé d’une logique de développement durable conscientisé par les scientifiques et les pouvoirs publics à la fin des trente glorieuses.
Même en ayant conscience de ces enjeux, les besoins continuent à augmenter dû à la croissance de la population mondiale qui atteint les 8,1 milliards (sources Nation Unies Worldometer).
ÉCONOMIE CIRCULAIRE : LA SOLUTION DURABLE
Pour pallier au schéma linéaire, un autre modèle compatible avec une transition environnementale dessine l’horizon. À l’instar de la nature, les déchets alimentaires, s’ils sont bien traités, reviennent à la Terre. Une fois consommés, les produits biodégradables utilisés peuvent créer du biogaz (Parc Fréderic Bach), des produits biochimiques ou retourner à la nature pour la restaurer. Mais que faire avec les produits transformés ?
Si on part du principe éludé par Antoine de Lavoisier que rien ne se perd et tout se transforme, alors les déchets des uns peuvent devenir la matière première des autres. L’idée de boucler la boucle avec des flux de matières et d’énergie n’est pas utopique mais un espoir d’inverser la vapeur. Le caractère limité des ressources amène les industriels à chercher des solutions pour se réalimenter et continuer à produire.
L’écoconception est un élément essentiel dans le processus de recyclage d’un produit. Dès sa fabrication, on pense déjà à la manière dont il sera réparé, réutilisé et désassemblé pour le maintenir dans le temps ou lui donner une seconde vie.
- Ce modèle économique propose douze stratégies qui visent à :
- (1) réduire la quantité de ressources vierges consommées
- (2.1) intensifier l’usage des produits
- (2.2) allonger la durée de vie des produits
- (2.3) donnent une nouvelle vie aux ressources
Comment cyclo Nord-Sud s’intègre dans l’économie circulaire ?
Cyclo Nord-Sud applique des principes d’économie circulaire en intervenant au niveau du prolongement de la durée de vie des produits et des composantes du vélo (point 2.2 du schéma), grâce à des activités telles que l’entretien, la réparation, le don et la revente de pièces et vélos. Les partenaires de l’industrie du vélo – détaillants, distributeurs et fabricants – en sont venus à reconnaître le rôle précieux que nous jouons dans la réduction de l’empreinte environnementale de l’industrie du vélo, tout en bénéficiant aux populations marginalisées, ici et à l’étranger.
Faire fonctionner cette économie répond aux enjeux de limitation des ressources. Cyclo Nord-Sud ambitionne de convertir un potentiel gaspillage en une opportunité de soutien à la mission de l’organisme en donnant une seconde vie à des vélos et des pièces de vélos, boudées par l’industrie. Lancé fin 2022, le projet de vente de pièces & vélos vise à récupérer, sous forme de don, des invendus et déchets de l’industrie cycliste pour les revendre. La mise en vente s’effectue, pour les particuliers, soit par petites annonces, soit durant des ventes de soirée à l’entrepôt, ou alors via des partenariats avec des magasins. Les articles proposés, neufs ou usagés étaient originellement destinées au recyclage ou à l’enfouissement.
Les pièces de vélos récupérées, bien que neuves et haute gamme, sont considérées comme invendables par l’industrie en raison de défauts esthétiques, l’obsolescence ou d’incompatibilité due à l’absence de standard uniformes. Les vélos, quant à eux, peuvent être neufs mais incomplets, présenter des défauts esthétiques ou être des retours clients. Les vélos usagés sont récupérés via des écocentres, postes de police, ramassés par notre communauté ou déposés dans divers points de collecte.