Module 6

LA VÉLORUTION : La transformation sociale sur deux roues

 

Prendre conscience de l’importance du rôle d’acteurs de changement visant la transformation sociale par le vélo

  • Fiche 1 : Le militantisme cycliste

  • Fiche 2 :Le vélo au coeur d’un développement alternatif 

  • Fiche 3 : La vélorution en 10 gestes

  • Fiche 4 : Vélorution St-Michel

 

Du contenu téléchargeable se trouve en bas de page

Fiche 1 : Le militantisme cycliste 

La transformation sociale, un travail de longue haleine

Devenez le changement que vous voulez voir. – Gandhi

Souvent avec humour et à grands coups d’éclats, les cyclodrames, les «pellete-in» et les die-in ont marqué la trajectoire inspirante du militantisme cycliste. Le militantisme cycliste a connu une trajectoire intéressante et inspirante. Grâce à des événements créatifs et à des gestes qui peuvent avoir l’air bien anodins aujourd’hui, mais qui étaient interdits dans un passé pas si lointain, ils ont, par exemple, obtenu l’accès pour les cyclistes à un pont. En entrevue, Claire Morissette relatait même qu’elle dut aller jusqu’à être emprisonnée pour avoir pris le métro avec sa bicyclette au début des années 1980, un geste volontaire qui visait à dénoncer l’interdiction des vélos dans les wagons de métro à l’époque.

 

Illustration d’un die-in à Montréal.

Le vélo est devenu à la fois un moyen de manifester et une raison pour se mobiliser. Qu’on pense à Tessie Reynolds qui s’est battue dans l’Angleterre victorienne pour que les femmes aient le droit de pédaler ou, plus récemment, à la Palestinienne Asmaa Al-Ghoul qui a traversé une partie de la Palestine pour défier les interdits qu’on y inflige aux femmes, faire tomber les tabous et enrayer les préjugés.

 

L’importance de se faire voir et de se faire entendre

Souvent invoqué pour des raisons de sécurité, l’importance de se faire voir à vélo va bien au-delà de s’assurer d’avoir des réflecteurs et de porter des vêtements voyants. Occuper l’espace public, être présents sur les pistes cyclables et dans les rues sont des rappels importants et quotidiens que la bicyclette est bien présente et utilisée par de plus en plus de gens. C’est d’ailleurs ce que met en scène une Masse critique.

 

Illustration d’une masse critique à Montréal.

En fait, un nombre accru de cyclistes inciterait les automobilistes à être plus attentifs à leur présence. C’est ce qu’indiquent des études réalisées sur ce phénomène. Par exemple, au Québec, même si le nombre de vélos a plus que doublé entre 1987 et 2010, le nombre de décès et de blessé(e)s a chuté de plus de la moitié1.

Depuis 2002, ENvironnement JEUnesse mobilise des centaines de cyclistes qui parcourent des centaines de kilomètres à vélo en plein hiver pour l’environnement grâce à l’Action citoyenne à vélo, devenue 2 roues 4 saisons. Voici quelques-unes de leurs propositions citoyennes qui sauront peut-être vous inspirer à passer à l’action : actions citoyennes à vélo.

Fiche 2 : Le vélo au coeur d’un développement alternatif 

Il ne peut y avoir révolution que là où il y a conscience.

– Jean Jaurès

Quoi de mieux que de joindre la parole à l’action? Pourquoi ne pas prôner de profonds changements pour un usage accru du vélo et ainsi suivre la voie de la vélorution?

Vélorution : Jeu de mots avec « vélo » et « révolution », associé à un mouvement prônant une meilleure reconnaissance et une plus grande utilisation des vélos. C’est aussi une bataille contre le monopole des véhicules individuels motorisés. Une manière de s’ouvrir au monde tout en mettant de l’avant ses préoccupations environnementales et solidaires est de se renseigner un peu plus sur la vélorution qui souffle aux quatre coins du monde et sur les diverses manières d’y contribuer.

 

Le vélo au cœur d’un développement alternatif

Penser globalement, agir localement.

Il n’y a pas de consensus à savoir qui est la première personne à avoir prononcé le célèbre : « Penser globalement, agir localement ». Certains l’attribuent à un urbaniste écossais, d’autres à Jacques Ellul, un théologien et sociologue français, ou encore à des militants environnementalistes étatsuniens, etc. La diversité des gens à qui on attribue l’origine de la citation démontre bien que cette idée reflète des préoccupations liées à différents endroits et à différentes époques.

Les problèmes mondiaux, même si on n’en voit pas toujours les répercussions directes dans notre quotidien, suscitent bien des inquiétudes. Les changements climatiques, la dégradation de la biodiversité et les guerres nous font remettre en question nos modes de vie actuels et notre dépendance à la consommation effrénée, aux déplacements en voiture et aux énergies non renouvelables. (Voir notre module sur la surconsommation et la réutilisation).

Des actions développées par des groupes comme Cyclo Nord-Sud, le Monde à Bicyclette, Vélo Québec et plusieurs groupes locaux comme VéloCentrix à Québec ou Sherbrooke-Vélorution inspirent à mettre le vélo au cœur de notre vie et d’en faire un outil de transformation sociale. Des groupes cyclistes se mobilisent aux quatre coins du monde, comme GDL en Bici au Mexique ou Pro Velo en Belgique.


Kiosque de réparation vélo tenu par Vélorution Saint-Michel dans le quartier de Saint-Michel à Montréal.

Fiche 3 : La vélorution en 10 gestes 

1- Favoriser le covoiturage pour se rendre au travail ou à l’école.

  • Il existe plusieurs systèmes de gestions internes favorisant le covoiturage au sein des entreprises (logiciels ou babillards, etc.). Demandez à votre école ou à votre employeur d’implanter un tel système pour vous permettre de transformer votre auto solo en un véhicule de transport en commun très efficace et bon autant pour l’environnement que pour votre porte-monnaie! L’Association des Centres de gestion des déplacements du Québec (ACGD) peut aussi vous donner un coup de main. Les établissements et les entreprises ont tout à y gagner, car le covoiturage favorise l’esprit d’équipe et permet de diminuer la quantité d’espaces de stationnement, donc aussi les coûts qui y sont rattachés en espace et en entretien.

  • Rouler à vélo c’est plaisant. Rouler à deux, c’est mieux! Entre amis, en famille, à plusieurs, c’est motivant. Pourquoi ne pas adapter le concept du covoiturage au vélo? Rejoignez-vous afin de réaliser votre déplacement en groupe. Partagez vos trucs et astuces. Donnez-vous des défis du type « Nous irons ensemble à l’école ou au travail tant de jours par semaine » afin d’inclure l’usage de la bicyclette dans vos habitudes quotidiennes!

  • Il est aussi possible de pratiquer le covoiturage lors de vos déplacements interurbains. Plusieurs compagnies existent selon votre région. Inscrivez-vous en tant que conducteur ou passager. Vous économiserez de l’argent, aurez de la compagnie durant le voyage et, en plus, c’est 100 % sécuritaire puisque les membres sont sélectionnés!

2- Inciter ses camarades de classes ou collègues de travail à marcher ou à utiliser leur vélo.

  • 59 % des Canadiens parcourent moins de 10 kilomètres pour se rendre au bureau et 36 % font 5 km ou moins. À vélo, réaliser cette distance prend moins de 30 minutes. Joignez l’utile à l’agréable en combinant exercice, déplacement écologique et loisir2! Peu importe l’âge, pourquoi ne pas organiser un Trottibus? Il suffit de se rendre chez l’un et chez l’autre jusqu’à ce que tout un groupe se joigne à ce petit «bus» de marcheur pour se rendre jusqu’à l’école ou au travail.

  • Le vélo est un mode de transport efficace et utile, et ce à longueur d’année. Par cette action, nous prouvons qu’il est possible de réaliser de longues distances l’hiver, mais pour apprivoiser sa bicyclette, pas besoin d’être aussi extrême! Habituez-vous peu à peu. Au début, commencez par de petites distances les plus belles journées d’été. Vous aurez du plaisir, vous vous motiverez et, bien vite, gageons que vous aurez envie de vous munir d’équipement vous permettant d’allonger votre saison de vélo. Qui sait, peut-être aurez-vous la piqûre et voudrez-vous même poursuivre l’expérience jusqu’à rouler à vélo l’hiver?

  • On croit souvent, à tort, qu’il faut une auto pour séduire. Ne prenez pas le risque d’acquérir un modèle d’auto pas assez « séduisant ». À vélo, vous épaterez la galerie à coup sûr! Les gens trouvent les cyclistes courageux et les admirent! En tant que cyclistes, nous roulons autant par plaisir que par besoin de nous déplacer!

3- Ne pas laisser le moteur d’une voiture tourner au ralenti plus de 30 secondes, même en hiver.

  • Lorsque les parents déposent les enfants à l’école, que l’on attende quelqu’un devant un commerce ou une résidence, on a souvent tendance à laisser tourner le moteur au ralenti. Il suffit de 10 secondes de marche au ralenti pour consommer plus d’essence. En coupant le contact, il est possible de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’économiser jusqu’à 100 $ par année en carburant!

  • En hiver, à peine 30 secondes suffisent pour réchauffer le moteur de votre voiture. C’est l’auto qu’il faut réchauffer, pas la planète!

4- Favoriser les transports collectifs tels que l’autobus, le train ou le métro en toutes circonstances.

  • Opter pour les transports collectifs offre des avantages évidents pour l’environnement. À titre d’exemple, un autobus émet jusqu’à 690 fois moins de pollution par passager qu’une auto. Vous n’habitez pas dans une des zones de population denses du Québec? Rassurez-vous, plusieurs systèmes de transports collectifs existent et certains sont déjà en fonction ou peuvent l’être chez vous. Que ce soit des taxis-bus, des taxis collectifs ou encore un système d’autobus de type scolaire offert par votre école ou même votre employeur, il y en a pour tous les goûts3.

5- Favoriser les systèmes d’autopartage dans les centres urbains.

  • Avoir accès à une auto est sans contredit un bel avantage. Mais saviez-vous qu’une voiture passe 95 % de son temps stationnée4? Par ailleurs, pour en posséder une, vous paierez en moyenne autour de 25 % de votre revenu, ce qui veut dire que vous travaillerez une semaine par mois juste pour votre « char »! L’autopartage permet de diviser les coûts entre plusieurs individus. En plus, vous ne payez que lorsque vous utilisez l’auto, ce qui est nettement économique. De plus en plus de centres urbains ont leur service d’autopartage. Lorsqu’il y a demande, l’offre suit. Informez-vous et demandez votre service d’autopartage. Pourquoi n’auriez-vous pas vous aussi accès à cet avantage? Sinon, vous pouvez toujours offrir à votre voisinage de partager une voiture à plusieurs!

6- Inciter les municipalités à piétonniser les centres urbains.

  • Moins d’autos signifie plus de piétons. Partout sur la planète, les endroits qui ont été piétonnisés se sont revitalisés, entraînant une vie de quartier meilleure et un développement économique accru. Il est prouvé que les piétons et les cyclistes dépensent plus dans les commerces et reviennent plus souvent5. On créé ainsi des milieux de vie plus prospères, sécuritaires et conviviaux!

7- Respecter la vitesse maximum de 100km/h sur l’autoroute afin de diminuer la consommation du véhicule et de réduire jusqu’à 20 % les émissions polluantes.

  • En roulant plus lentement, vous réduirez aussi l’usure de vos pneus et augmenterez la sécurité sur les routes.

8- Planifier les emplettes pour réduire ses déplacements.

  • Vous voulez donner un coup de pouce à l’environnement en plus de ménager temps et argent? Planifier vos emplettes est une solution gagnante! Au moment de faire vos courses, plutôt que de parcourir une grande distance à voiture dans le but d’économiser quelques dollars dans les grandes surfaces commerciales, prenez plaisir à découvrir les commerçants de votre quartier accessibles à pied ou à vélo et donc plus économiques sur le plan du transport. Vous y gagnerez sur plusieurs autres plans : vous ferez un peu d’exercice, ferez connaissance avec les gens de votre quartier et économiserez même quelques précieuses minutes!

9- Privilégier les sports actifs, plutôt que les sports motorisés.

  • La Route Verte est l’un des plus grands circuits de cyclotourisme au monde et permet de se déplacer dans presque toutes les régions du Québec. À vélo, profitez des paysages à couper le souffle que le Québec vous offre!

10- Demander à la direction de son école ou à son employeur d’implanter des aménagements encourageant l’usage du vélo : stationnement sécuritaire, accès à des douches, etc.

  • Les bienfaits du cyclisme sur la santé physique et mentale ne sont plus à démontrer et présentent même des avantages non négligeables pour les employeurs. En effet, on constate chez ceux qui utilisent le vélo pour se rendre à l’école ou au travail une diminution de plus de 40 % du taux d’absentéisme, des deux tiers des accidents de travail et de 15 % du taux de roulement annuel de la main-d’œuvre, ainsi qu’une augmentation du rendement de 15 % à 200 %.

Fiche 4 : Vélorution Côte-Des-Neiges et Nôtre-Dame-De-Grâce 

Vélorution dans les parcs!

Cyclo Nord-Sud a initié la Vélorution Côte-des-neiges et Nôtre-dame-de-Grâce dans le quartier de Montréal du même nom. Le but est de sensibiliser et outiller la population du quartier à l’utilisation quotidienne du vélo. On y propose des initiations au vélo et à sa pratique, des formations en mécanique vélo, des sorties sur route, et de nombreuses autres activités comme :

  • des ateliers de réparation de vélos dans les parcs,

  • Un partenariat avec Vélo Québec pour le programme Toutes à vélos 

  • De la sensibilisation à la mobilité active 

Quand on pense aux nombreux avantages que présente la bicyclette, on réalise qu’on a beaucoup à gagner en remettant en question le modèle de développement actuellement mis de l’avant avec ses conséquences sur notre mode de vie6.

On dit que la nécessité peut mener à la créativité. Que pouvons-nous apprendre des multiples utilisations qu’on fait de la bicyclette? Loisir, transport, force de traction, etc. Un coup d’œil sur ce qui se passe dans plusieurs pays en voie de développement nous fait réaliser qu’on y retrouve une utilisation beaucoup plus optimale des vélos : poids transporté plus important, moyen de transport principal, plus grand nombre d’utilisateur(rice)s par bicyclette, etc.

Les exemples ne manquent pas pour s’inspirer d’autres façons de faire. Que ce soit à Cuba où les résidents ont dû trouver des alternatives de transport à cause d’un approvisionnement en pétrole qui diminuait, en Afrique du Sud où des travailleur(euse)s qui ne peuvent payer le transport par autobus tous les jours pour se rendre au travail ont recours au vélo, à Bogotà, capitale de la cyclovia au Guatemala où se trouve l’organisme Maya Pedal. On peut regarder, en particulier, le modèle de Caracol en Haïti où l’on met en place une véritable vélo-cité.

Caracol, la vélo-cité du Cap-Haïtien

Caracol est une petite ville de 15 000 habitants située dans le Nord-Est d’Haïti, à environ 300 kilomètres de la capitale Port-au-Prince. Cette ville côtière et touristique affiche une pauvreté extrême comme c’est le cas pour la majorité des communautés éloignées, rurales et marginalisées en Haïti.

Avec l’envoi de plus de 7 300 vélos en onze ans dans la région Nord d’Haïti, Cyclo Nord-Sud et son partenaire CENTRECH ont mis en place tous les éléments favorisant le développement de micro-entreprises d’économie sociale et solidaire ayant comme moteur économique la bicyclette.

Ainsi, il est dorénavant possible de voir sur les routes de la ville de Caracol des jeunes transportant de l’eau aux personnes âgées grâce à leurs triporteurs, et qui se rendent à l’école en trois fois moins de temps qu’auparavant… Des infirmières du centre de santé, où travaille Marie-Flore Bélizaire, disposent maintenant d’un certain nombre de bicyclettes pour le personnel infirmier, ce qui leur permet de visiter plus de personnes nécessitant des soins de santé.

En visionnant la vidéo d’une vingtaine de minutes de Saga Cité qui présente divers enjeux auxquels font face les collectivités des villes avec des changements climatiques, on réalise que la vélo-cité de Caracol est peut-être une source d’inspiration qui pourrait faire du chemin jusque chez nous.

 


Élèves à vélo, Caracol, Haïti.

 

Notices et sources 

Toutes les infographies présentes sur cette page peuvent être téléchargées et utilisées à des fins de formations scolaires ou autres. 

 

De plus, n’hésitez pas à en apprendre plus sur Cyclo Nord-Sud et sa mission.

Contenu téléchargeable 

Pour télécharger cette page en version PDF, vous pouvez cliquer sur le bouton suivant : 

Pour télécharger une activité ludique en lien avec les bienfaits du vélo, vous pouvez cliquer sur le bouton suivant : 

Sources

  1. Vélo Québec, L’état du vélo au Québec en 2010, Vélo Québec, 2011.

  2. Mediaterre, La voiture demeure le mode de déplacement le plus populaire en ville : http://www.mediaterre.org/climat/actu,20080307224608,14.html

  3. Claire Morissette, Deux roues, un avenir : Le vélo en ville, Écosociété, 2004, p. 47.

  4. Equiterre, l’auto-partage : https://equiterre.org/fiche/autopartage

  5. Écologie urbaine, bonnes pratiques d’aménagement des artères commerciales : https://www.ecologieurbaine.net/fr/documentation/guide-techniques-documents/84-bonnes-pratiques-d-amenagement-des-arteres-commerciales/file